Il n’y a pas une meilleure vitrine en matière de visibilité pour une nation africaine si ce n’est l’organisation du plus grand événement sportif du continent, c’est la Coupe d’Afrique des Nations de football ( CAN) qui est à sa 34 em édition en Côted’ivoire. Mais au-delà de cette visibilité, il y a de grosses opportunités économiques que j’aimerais mettre en lumière dans cette chronique zoom sur la CAN.
Il faut être un anti-foot ou quelqu’un dont l’esprit n’est pas à l’affût des bonnes affaires pour dire que la tenue de la CAN n’apporte rien à un pays africain et de suggérer que les pays ont d’autres priorités. C’est une absurdité! Je connais des pays qui ont dépensé des milliards de fcfa pour organiser des sommets qui n’ont rien apporté de concret aux populations.
Chers fanatiques du ballon rond, sachez que le sport de manière générale est un outil polymorphe puissamment utilisé dans le cadre d’une stratégie marketing dans le but d’attirer les investisseurs locaux comme étrangers, l’on parle même de la géopolitique du sport… ce n’est donc pas une petite affaire!
Lorsqu’on parle de la CAN, on n’a pas besoin d’être un membre du COCAN pour être conscient des retombées économiques découlant de l’organisation de ce rendez-vous footballistique africain.
À quelques heures du coup d’envoi de la CAN CIV 2023, tous les projecteurs sont braqués sur la Côte d’ivoire. Tout simplement parce que le Cameroun a haussé la barre en terme de financements pour rendre la dernière CAN, non seulement historique, mais très belle. La Côte d’ivoire, consciente de cet exploit veut relever ce défi. Ce qui fait qu’actuellement toute la Côte d’ivoire vibre au rythme de la CAN. 5 000 journalistes accrédités pour l’événement contre 1200 en 2002 au Mali.
Les dirigeants ivoiriens ont mis les gros moyens logistiques et surtout financiers pour faire de cette CAN, la compétition footballistique africaine la plus réussie de toute l’histoire des grandes rencontres footballistiques du continent – pour mieux juger cela, il suffit juste de constater l’engagement d’Alassane Ouattara et de la première dame du pays. Même si la CAN n’a pas encore démarré, depuis un moment, on a une idée de comment elle se prépare en Côte d’ivoire. Rien que pour les 06 stades qui abriteront la CAN, plus de 500 milliards de fcfa ont été dépensés.
Le joli stade olympique d’Ebimpé qui a récemment été baptisé au nom du président actuel (dont la réhabilitation a été faite par une entreprise française nommée Sparfel) qui servira tout à l’heure au match d’ouverture entre le pays hôte et la Guinée-Bissau se chiffre à près de 220 millions d’euro, fruit d’une “collaboration” entre la Côte d’ivoire et la Chine. Je n’irai jusque pas dans les détails concernant les dépenses liées à la mise à niveau et construction des infrastructures hôtelières, sanitaires, routières et moyens de transportation, etc…mais retenez que l’état ivoirien a dépensé au total 1,5 milliard de dollars au niveau de l’organisation de ces tournois. Un chiffre vertigineux qui en vaudrait la chandelle.
La seule garantie, c’est que le gouvernement ivoirien a donné des directives à tous les responsables des différents secteurs clés ainsi qu’à ses ministres pour la réussite de l’événement.
Aucun ministère n’est en marge des préparatifs de cette CAN. Si le ministre des sports, des infrastructures, de l’économie, du tourisme etc…ont presque fini leurs boulots, le ministère de la sécurité sera sur le pied de guerre, car on ne peut pas parler de la réussite d’une CAN si la sécurité faillit à son devoir. Il suffira juste d’une petite erreur pour qu’on parle de catastrophe. Et la sécurité, ce n’est pas seulement en pleine compétition. Elle sera assurée avant, pendant et après l’événement. Il y aura la sécurité des 23 délégations composées chacune de 27 joueurs et les membres des staffs. 621 joueurs-visiteurs suivis de leurs familles et amis pour assister aux matchs en direct. En plus de cela, les chefs d’état, les ministres, présidents des institutions sportives nationales, africaines et mondiales seront de la partie.
Le plus grand enjeu n’est pas la sécurité des 60 000 personnes dans les gradins, mais celle des 1 500 000 voire 2 000 000 de visiteurs qui sont annoncés, ce qui constituerait un record dans l’histoire de la CAN. Ces 2 millions de visiteurs dispersés dans les différentes villes où se disputeront les matchs seront attirés par la culture, l’artisanat, les monuments et édifices historiques, les infrastructures, la faune, la flore, la restauration à l’ivoirienne, l’hospitalité ou encore par le beau paysage qu’offrira la corniche.
Qui dit tourisme dans le cadre de la CAN dit un chiffre colossal et historique en terme d’investissements. Les 2 000 000 de visiteurs seront logés dans des hôtels, des gîtes ou maisons d’hôtes, des gîtes touristiques pour une compétition qui durera presqu’un mois. Il est vrai que quand une équipe est éliminée, la délégation repart avec ses supporters, mais avoir 2 millions de visiteurs qui suivront au moins 3 matchs, ce sera une manne pécuniaire énorme pour les secteurs hôtelier et de restauration de la Côte d’ivoire.
Du côté du tourisme, le COCAN envisage comme retombée économique 1200 milliards de fcfa, une application mobile (Pass touristique) a même été créée ayant pour objectif de permettre aux visiteurs d’effectuer en toute facilité leurs réservations et de pouvoir se rendre sur les différents sites touristiques répertoriés à dévorer sans modération avec leurs yeux. Je ne manque pas de mentionner les stations balnéaires qui ont été modernisées et les circuits touristiques aménagés rien que pour le bonheur des visiteurs et de la population locale. Je m’abstiens de parler de ce que ça donne comme somme d’argent au niveau de la billetterie. C’est énormissime!
Quand on parle de la sécurité pour la CAN, il ne s’agit pas seulement de la surveillance contre une attaque terroriste ou l’explosion d’une bombe au stade. La santé des joueurs et des visiteurs est très importante. Des hôpitaux sont équipés dans les villes. Des ambulances médicalisées sont partout, des sapeurs-pompiers sont tous aux aguets sans oublier les services médicaux aériens tels que les hélicoptères médicaux si toutefois les hôpitaux ivoiriens se sont dotés d’héliports.
Les premiers bénéficiaires de cette CAN en Côte d’ivoire sont les Ivoiriens eux-mêmes. 10 000 volontaires ivoiriens d’un âge compris entre 18 et 40 ans ont été recrutés par la CAF pour l’accueil des délégations et sommités. Le COCAN a fait appel à 20 000 jeunes bénévoles ivoiriens pour des activités liées à cette CAN. Parallèlement à cet effort, des offres d’emploi à courts et longs termes se sont multipliés. À présent, toutes les villes de la Côte d’ivoire sont branchées. L’ambiance est extraordinaire et vibre au rythme de la CAN que ce soit dans les marchés, super marchés, bars, clubs, places de fêtes et boîtes de nuit.
L’un des endroits les plus visités par les millions de visiteurs sont les restaurants du pays. Qui dit restaurant à l’occasion de la CAN en Côte d’ivoire dit promotion de l’art culinaire ivoirien avec une accentuation particulière mise sur le plat par excellence, l’attiéké au poisson et ses condiments. La CAN, c’est également la promotion de la musique ivoirienne et surtout la découverte ou l’histoire de l’identité du genre musical ivoirien: le zouglou. Il y aura tout au long de cette compétition, des soirées spéciales zouglou et l’espace pour la promotion du cinéma ivoirien. Ce sera un rendez-vous de la découverte de la véritable culture ivoirienne et des hommages seront également rendus aux grands noms de la culture ivoirienne. Des concerts avec plus de 100 artistes nationaux et internationaux sont prévus. Tous les quartiers en côte d’ivoire sont érigés en villages de la CAN avec des écrans géants dressés afin de permettre aux populations de vivre l’événement dans des ambiances extraordinaires.
Les 2 000 000 de visiteurs, même si certains ne seront là que pour quelques jours disposeront des kits pour leur communication. Le gain économique sera énorme pour les sociétés de la téléphonie mobile en Côte d’ivoire. Ils offriront leurs services et certains concurrents feront des promotions spéciales à l’occasion de la fête footballistique. La tenue d’une CAN, aujourd’hui dans un pays nécessite la fluidité et la rapidité de la connection internet mobile. La connection internet doit être disponible sur toute l’étendue du territoire et à tout heure de la journée. Il y a internet s’il y a électricité. Le secteur de l’énergie ivoirienne a mis le paquet pour qu’il n’y ait pas de délestages intempestifs. Beaucoup de zones reculées se voient elles aussi électrifiées. Le moindre délestage que ce soit au stade en plein match ou en ville compromettrait le dispositif sécuritaire, car l’obscurité dresse toujours le tapis rouge à l’insécurité.
Le football local ivoirien aura plus de visibilité avec la visite des managers, émissaires des grands clubs européens etc…aux installations des clubs de première division ainsi qu’aux centres de formation. De ces rencontres peuvent naître des partenariats gagnants-gagnants. Les entreprises sponsors œuvrant dans différents secteurs d’activités en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ne rechigneront pas à dégainer leurs chéquiers tant elles sont conscientes de la publicité qu’aura leurs diverses marques et produits. Certains équipementiers, eux également ne manqueront pas de tirer profit de cet événement majeur en devenant partenaires de certaines équipes nationales africaines!!!
Les amis, je crains que ma calculatrice ne puisse contenir les montants mirobolants qui seront négociés et discutés en Côte d’Ivoire en ce mois de janvier 2024.
Les hommes d’affaires ivoiriens ne veulent pas se faire conter l’événement. Beaucoup de plates-formes de business sont créées dans le cadre de cette compétition.
Que ce soit dans les boutiques ou dans les rues, le prix d’un maillot original de l’équipe ivoirienne est situé entre 50 000 et 60 000 fcfa. Il y a eu de l’exagération, mais la ferveur et l’euphorie liées à la CAN ont pris le dessus. Certains commerçants et vendeurs ambulants ont déjà fait des millions de recettes pour la vente des maillots bien avant même le démarrage de la compétition. C’est une CAN de toutes les couleurs y compris celle des maillots de mauvaise qualité que nous appelons au Togo, en langue vernaculaire “sahlui“. À côté de la boutique qui vend un maillot original ivoirien à 50 000 ou 60 000 fcfa se trouve quelqu’un qui propose le huitième du prix de l’original. Ce qui fait que la CAN palpite au rythme de la bonne qualité et de la contrefaçon. Beaucoup de vendeurs et de vendeuses à la sauvette se font actuellement de bons chiffres d’affaires dans la vente des maillots aux effigies de la CAN. Cette rencontre, c’est aussi de l’argent pour les chauffeurs de taxis et sociétés de VTC.
Qui dit CAN en Côte d’ivoire dit promotion de la prostitution avec en attraction les “géreuses de bizi“. Aucune prostituée, ni vendeuse de produits liés soit à l’hygiène sexuelle ou aux performances sexuelles ne se laissera conter l’événement.
La fête sera très belle pour ce domaine avec une concurrence classique.
Les vendeurs de produits de beauté surtout ceux associés à la dépigmentation corporelle ne seront en reste.
Une foire pour la promotion du “Made in Côte d’Ivoire”, des produits locaux ivoiriens dans le cadre de cette CAN ne sera non plus exclue afin de mettre en lumière la jeunesse ivoirienne entreprenante par la même occasion.
La Côte d’ivoire a mis le paquet pour s’offrir un chiffre d’affaires vraiment colossal. Beaucoup de dispositions et d’innovations sont prévues par l’état ivoirien non seulement pour le divertissement des 2000 000 de visiteurs, mais également dans l’objectif de renflouer les caisses de l’état avec ces gains financiers mirobolants, ce qui va de soi.
Le grand acquis! Beaucoup se demanderont ce que deviendront les stades après cette CAN. Au lendemain de cette compétition, la Côte d’ivoire pourrait encore postuler pour l’organisation d’autres compétitions sportives internationales. Mais en attendant, les 06 stades construits et rénovés pourront servir dans l’immédiat aux matchs du championnat ivoirien, aux rencontres continentales des clubs ivoiriens ainsi qu’aux matchs à domicile des Éléphants. Un bon programme d’entretien rendrait ces stades toujours jolis et attrayants. La cinquantaine de pelouses pour les entraînements des 23 nations pourrait toujours servir pour le football ivoirien.
La Côte d’ivoire, même si par miracle est éliminée au premier tour de la CAN aura gagné en terme de retour sur investissements à travers le COCAN qui a confectionné des pagnes aux couleurs des éléphants pour l’occasion. C’est une CAN de toutes les opportunités. Mais celui qui gagnerait le gros lot pour la réussite de cette CAN en Côte d’ivoire sera Alassane Ouattara. Il est vrai que des sommes pharaoniques ont été dépensées mais, le président ivoirien gagnera en terme de visibilité et de confiance à l’international pour ceux qui ignorent les tenants et les aboutissants de la politique ivoirienne. Tous ces efforts en terme d’infrastructures sportives, hôtelières, routières, communicationnelle, sécuritaire etc…pour la réussite de cette CAN 2023 traduiront une volonté politique du président ivoirien qui lui portera comme fruit, une certaine “renommée internationale”
La fameuse question est de savoir si Babi saura pérenniser les emplois créés par la CAN…
AnaniFifa